Il y a une différence entre connaître le chemin, et arpenter le chemin.
Ce chemin, c’est celui de la parité, des dotations équivalentes aux tournois masculins et féminins.
Aujourd’hui, les excuses d’audimat ou d’intérêt des fans, le second étant d’ailleurs lié au premier sont régulièrement mises en avant pour justifier l’écart existant dans les sommes proposées.
Toutefois, cette année annonce des signes tangibles d’une évolution dans le bon sens pour le golf féminin professionnel.
Une nouvelle dynamique
Du 2 au 5 juin 2022, à Southern Pines en Caroline du Nord, l’US Women’s Open sera le premier majeur féminin de l’histoire a atteindre la barre des 10 millions $ de dotation.
Celle-ci en 2021 n’était que de 5,5 millions $. Grâce à l’arrivée de ProMedica comme partenaire du tournoi, cette organisation de santé à but non lucratif a permis de quasiment doubler le prize money et doit atteindre 12 millions $ en 2026.
Ce chiffre record est la partie émergée de l’iceberg car les sommes en jeu pour les golfeuses professionnelles progressent à grand pas. En 2022, sur le LPGA, les 34 tournois de la saison proposent un total flirtant avec les 90 millions $, soit 23 millions de plus qu’en 2019. Ce sont ainsi 19 tournois cette saison dont la dotation atteint au moins 2 millions $.
Dans la même lignée, l’Amundi Evian Championship, seul majeur sur le sol français, a communiqué une dotation qui s’élèvera à 6,5 millions $ en 2022 dont la barre symbolique de 1 million promis à la vainqueur.
Les autres circuits féminins emboitent le pas du LPGA leur ainé.
Sur le Ladies European Tour, division élite européenne, les joueuses membres bénéficient aussi de cagnottes plus élevées mais surtout d’un calendrier plus fourni avec deux fois plus de tournois cette saison (31) en comparaison à celle de 2018 (15).
La seconde division américaine profite de l’arrivée d’un nouveau sponsor, Epson, pour afficher une dotation moyenne record de 210.000$ par épreuve en 2022.
Si la disparité dans les sommes d’argent entre femmes et hommes est encore bien plus flagrante dans des sports comme le basket-ball ou le football, cette différence a été nivelée dans la quasi majorité des autres sports lors des grandes compétitions mondiales.
Prenons notamment le tennis aux caractéristiques similaires avec ses tournois majeurs. A l’instar de la petite balle blanche, l’US Open a été le fer de lance en étant le premier majeur de tennis à proposer les mêmes dotations aux joueuses et aux joueurs. Cela remonte à 1973. Il aura fallu attendre ensuite 2001 ans avant que le majeur en Australie agisse à l’identique puis viendront Wimbledon en 2005 et Roland Garros en 2007.
À noter que l’une des plus fortes résistances à cette équité dans les sommes en jeu était que les hommes disputaient potentiellement des matches plus longs au meilleur des 5 sets contre 3 sets pour les femmes. Un argument qui n’a guère de raison d’être au golf puisque les tournois féminins comme masculins ont lieu sur 72 trous pendant quatre jours.
Les femmes sur le LPGA peuvent désormais prendre un congé maternité lors de l'année de leur accouchement et l'année suivante sans perdre leurs droits de jeu.
Plus que des dotations, une prise de conscience
L’évolution du golf professionnel féminin n’est pas seulement visible au travers des poignées de dollars injectées dans les tournois. Des grandes championnes du golf mondial comme la Suédoise Annika Sörenstam et la Mexicaine Lorena Ochoa dans les années 90 et 2000 avaient arrêté leur carrière, entre autres, pour fonder une famille.
Il s’avérait alors que la grande majorité des sponsors des joueuses leur imposait un minimum de tournois dans l’année sous peine de stopper leur partenariat. Une contrepartie logiquement – et tristement – incompatible avec une grossesse et élever des enfants.
Dans ce domaine, les choses évoluent. Les femmes sur le LPGA peuvent désormais prendre un congé maternité lors de l’année de leur accouchement et l’année suivante sans perdre leurs droits de jeu. Les sponsors sont de plus en plus régulièrement solidaires et ne mettent plus en pause les contrats avec leurs joueuses pendant cette absence des fairways.
Ces avancées sont un premier pas mais, soyons réalistes, nous n’en sommes encore qu’au début.
En s’intéressant au classement des 100 sportifs les mieux payés au monde, on dénombre 5 golfeurs. Aucun n’est une femme. Aucune femme ne fait partie de ce Top100 non plus. Il faut maintenant arpenter le chemin.
71 thoughts on “L’U.S. Women’s Open, ouvre la voie”
Il y a du progrès dans la place laissée aux femmes dans le golf. Ça fait plaisir ! Que ça continue ! ????
Oui quel bonheur de lire ces quelques lignes; merci Lionel ! ????????