Kristel Mourgue d’Algue, héritière golfique

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Femme d’affaire discrète que vous retrouverez néanmoins partout, Kristel cultive avec brio l’industrie du golf.Sa famille a contribué au développement du golf en France, mais elle est la première femme de sa lignée à s’emparer du golf sur un large spectre avec cette volonté d’avoir une vision à 360°. Nous avons le plaisir de vous présenter le portrait de Kristel Mourgue D’algue-Lawton.

Tu as eu 9 titres de championne de France Amateurs et tu as représenté la France aux Championnats du Monde à trois reprises, quelle a été la suite pour toi ?  

À 18 ans j’ai dû faire un choix entre les études et le golf.
Je faisais partie de l’équipe de France de golf et les études m’ont toujours passionné. L’alternative américaine me permettait de combiner les deux et bien, cette logique m’a plu.

Pour contextualiser mon choix, j’ai une mère suédoise, très ouverte sur le monde et j’avais de la famille aux Etats-Unis, mes parents parlaient 3 langues, donc je n’avais déjà pas de barrière à ce niveau-là pour me projeter là-bas, cela s’est fait très naturellement.

J’étais l’une des premières françaises à me diriger en fac américaine grâce à une bourse golfique. J’ai commencé à Furman en Caroline du Sud puis j’ai été à Arizona State.

Quatre années pendant lesquelles j’ai obtenu mon master en communication et j’ai remporté le championnat universitaire américain, le titre NCAA en individuel et en équipe. 

C’était une évidence pour moi de passer professionnelle de golf par la suite. Après ma carrière de joueuse professionnelle, j’ai rejoint mon père dans le cadre du « Peugeot golf guide », le premier guide qui regroupe les 1000 Meilleurs golfs d’Europe qu’il éditait. J’ai appris beaucoup sur le monde de l’édition pour ensuite éditer le guide Rolex, le seule guide qui classait les 1000 meilleurs golfs du monde, ce qui représentait un énorme travail de publication en anglais et en français avec plus de 200 inspecteurs dans le monde.

En 2015, ma famille a créé le golf de Saint-Emilion qui est géré aujourd’hui par mon frère cadet. Cela a été une aventure très intéressante pour moi, car je suis profondément passionnée par l’architecture du golf.

J’ai aussi créé mon entreprise de consulting pour les entre prises et les golfs, je propose aussi mes services à Canal + en commentant les tournois féminins, en réalisant des pastilles sur l’architecture. Pour la FFGolf, j’ai rédigé également des articles sur l’architecture des parcours, et je co-écrit et présente toute une série de podcasts consacrés au mental (« Parcours intérieur ») et sur les personnalités qui font bouger le golf (« Trajectoires »)Je suis aussi l’ambassadrice des hôtels Beachcomber à l’Ile Maurice.

J’aime travailler de façon variée, avoir des clients et des activités différentes. Cela m’enrichit énormément. J’aime sortir de ma zone de confort et me remettre en question en permanence.

Comment as-tu enrichi ta carrière ?

Je suis spécialisée dans la communication, le marketing et les relations publiques.
Je suis panéliste à Golf Magazine USA qui sélectionne les meilleurs parcours de la planète, d’ailleurs nous sommes une centaine de panelistes et seulement 5 femmes. Cette mission me permet d’avoir un œil critique et évolutif lors de mes missions de conseil pour proposer les axes qui seront référencés comme les meilleures pratiques des golfs dans le monde.

Je me suis énormément formée sur l’architecture, j’ai lu tous les ouvrages existants, j’ai côtoyé l’un des maîtres de l’architecture moderne golfique “Tom Doak” lors de la création du golf de Saint-Emilion, ce qui a énormément nourri ma passion dans ce domaine et j’ai bien entendu joué beaucoup de parcours à travers le monde.

Quels sont tes projets dans un futur proche et ta vision du golf en France ?

J’aimerais que les golfeurs réalisent que l’architecture est vraiment un aspect du golf passionnant et un art à part entière. Comprendre l’architecture des parcours permet aussi de mieux gérer ses parcours et donc de rendre de meilleurs scores !

Un bon parcours se définit notamment par l’envie de le rejouer pour entre autres, déjouer les pièges disséminés par l’architecte. Sur un parcours de bonne facture, on découvre sans cesse de nouvelles subtilités. Lorsqu’un parcours est bien dessiné, il n’y a pas de « trou signature », invention marketing mais au contraire 18 trous uniques et mémorables.

Lorsque j’étais joueuse professionnelle sur le circuit Européen j’ai bien vu la différence entre les parcours que nous jouions et ceux que les golfeurs professionnels jouaient : ils avaient de meilleurs parcours.

Au niveau de ta trajectoire professionnelle, quelle a été ta stratégie ?

Durant mon parcours, on est venu me chercher pour des projets, mais je suis aussi allée à la rencontre d’opportunités. Aujourd’hui je pense qu’il faut montrer de la constance, du professionnalisme et une grande motivation.
Je suis passionnée par le golf et tout son écosystème car le golf est bien plus qu’un sport. Lorsque j’ai arrêté ma carrière professionnelle, j’ai trouvé énormément de plaisir dans l’architecture ce qui m’a également permis de dépasser le jeu et le défi de la carte de score.

Lorsque l’on veut vraiment quelque chose il faut provoquer sa chance et pour cela il faut oser et travailler sans relâche. Si vous y croyez, que vous avez la légitimité et de la valeur à apporter il faut foncer.

Quels ont été tes rencontres capitales qui ont façonné ta carrière ?

J’ai eu la chance d’être baigné dans cette famille de golfeurs passionnés et engagés. Mon père, Gaëtan, est la personne qui m’a beaucoup influencé, il était mon mentor, un précurseur, parce qu’il a toujours innover dans le monde du golf : c’est lui qui a créé le premier magazine de golf, Golf Européen, qui a eu l’idée le premier de faire venir la Ryder Cup en France, de créer des golfs publics en France. Mon père voit des golfs partout (rire). 

Cette passion qui l’anime et son enthousiasme, sa ténacité, des qualités de champion (qu’il était), ont été un exemple formidable pour moi. Il n’abandonne jamais, cette persévérance il me l’a communiqué, j’ose aller chercher des choses.

As-tu rencontré des inégalités de genre au cours de ta carrière ?

Lorsque j’échange avec des femmes de l’industrie du golf, j’entends des histoires de sexisme étonnantes. J’ai vraiment eu de la chance de ne pas avoir été confrontée à cela, car j’ai travaillé aux côtés de mon père et de ma famille.

Néanmoins, lorsque j’étais joueuse professionnelle sur le circuit Européen j’ai bien vu la différence entre les parcours que nous jouions et ceux que les golfeurs professionnels jouaient : ils avaient de meilleurs parcours. Ils y avaient des inégalités à ce niveau-là, en plus de la différence de dotation.

Mais c’était lié au fait que nous étions moins médiatisées, avec moins de sponsors, moins de moyens, c’est systémique, tout est lié.

Tu commentes sur Golf +, qu’est-ce qu’on devrait faire pour développer encore plus le sport féminin côté athlète ?

Ce qui est certain c’est que nous ne pouvons pas comparer le golf féminin et masculin, les comparer directement, car nous n’avons pas la même physiologie. Néanmoins, je trouve que le golf féminin pro se rapproche des meilleurs joueurs amateurs.
Si je compare mon époque à celle d’aujourd’hui, je trouve que les joueuses ont progressé techniquement et au niveau de leur explosivité. Elles sont devenues, elles aussi, de vraies athlètes.

L’émergence du golf féminin est encore difficile à mon sens, car nous marchons encore trop sur les pas des athlètes messieurs. Je pense qu’il est important de miser sur notre féminité. Nous pouvons être féminine et taper très fort ; la puissance des trajectoires, cela peut aussi être féminin. On n’a pas à choisir entre l’un ou l’autre.
Pour moi, afin que le sport féminin puisse éclore, je pense qu’il faut saisir les opportunités marketing pour obtenir plus de visibilité. Je pense à l’athlète Charley Hull, qui a de nombreux fans, elle est hyper musclée, sportive, tape fort et quand elle a envie d’être féminine elle le fait, et je trouve qu’en cela elle a une démarche marketable. Pour moi, elle représente la sportive moderne qui peut être très féminisée comme non maquillée en tenue de sport, c’est elle qui décide.

Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un sujet compliqué car nous n’avons pas assez de couverture médiatique importante pour créer le marché et établir nos propres règles marketing.

Championnat du monde de 1995
Kristel aux côtés de ses parents

Des conseils pour nos joueuses sur le parcours ?

Ce qui est capital c’est de prendre du plaisir ! Si vous êtes sur un parcours où vous êtes en souffrance, que vous n’arrêtez pas de perdre des balles, c’est que ce n’est pas un parcours adapté pour vous. Un bon tracé doit être amusant et vous faire réfléchir.

1. Jouer le parcours des tees de départs adaptés pour vous amuser et jouer avec un bon rythme pour plus de plaisir
2. Se retourner et regarder le trou dans le sens inverse pour obtenir plus d’indices sur les obstacles et les pièges pour votre prochaine venue.
3. Lorsque l’on est débutante il est préférable de jouer des parcours sur lesquels on peut faire rouler la balle jusqu’au green, et non pas où on doit porter la balle à une certaine distance.

Quels sont tes parcours préférés en France et à l’Etranger et pourquoi ?

Ce que je trouve formidable au golf, c’est la richesse des paysages et des architectures. J’adore le golf de Chantilly et la balade qu’il propose et son côté naturel. Mais notre parcours à Saint-Emilion est aussi magnifique à mes yeux par sa topographie animée, ses paysages variés dans une forêt de chênes centenaires, entouré par les vignes mais surtout par son défi stratégique. Il s’agit du premier parcours en Europe continental de l’américain Tom Doak, reconnu comme l’un des meilleurs architectes au golf.

Pinehurst en Caroline du Nord, hôte notamment de l’US open masculin et féminin en 2014 dans les dunes de la Caroline du Nord ou encore San Francisco Golf Club, situé en pleine ville.
J’aime les tracés qui se fondent dans la nature, qui donnent l’impression d’avoir toujours existé, qui sont amusant pour tous types de golfeurs et sur lesquels il y a un vrai défi architectural à relever.

Ton coup de golf préféré ?

Le putting, garder un bon putting sans avoir de yips tout au long d’une carrière, c’est ce qui est le plus difficile à mon sens. C’est indéniablement sur les greens que tout se joue.
Je trouve qu’au putting il faut beaucoup de force mentale, mettre le putt au bon moment, si vous avez cette capacité cela prouve que dans l’adversité vous êtes forte.
Le golf c’est un jeu, il faut mettre la balle dans le trou et cela se capitalise donc avec le putting.

Merci Kristel pour notre échange. 

Si vous souhaitez contacter Kristel c’est pas ici

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