Toute petite, Halima Pruvost voulait être présidente de la République. Originaire du Nord pas de Calais, elle a un Master en commerce international et langue appliquées. Elle parle 5 langues et cela fait 15 ans que la filière du golf a la chance de compter Halima parmi les 30% de femmes qui travaillent dans le golf.
Comment le golf est arrivé dans ta vie ?
C’est par hasard, je n’imaginais jamais travailler dans le monde du golf, pourtant j’ai pratiqué le golf en primaire au golf de Dunkerque.
Je me souviens que c’était très vert et que le coach était super bien habillé pour un professeur de sport, ça changeait du jogging ! (rire)
Puis, à l’époque universitaire, je cherchais un job étudiant et le golf de Saint-Omer proposait un poste d’hôtesse d’accueil bilingue anglais. Au début je pensais que c’était un poste estival mais c’était un CDI. J’ai toutefois réussi à combiner études et travail pendant 2 ans.
13 ans plus tard, je suis l’assistante du directeur du golf, j’ai en charge tous les aspects administratifs, R.H., ainsi que les aspects commerciaux (gestion des groupes golfiques, sponsoring, tourisme et gestion du proshop).
Comment envisages-tu ta carrière dans les métiers du golf ?
Je sais ce qu’implique un poste de direction dans un club commercial à forte composante touristique comme le nôtre, car je travaille au plus proche de la direction du club.
Mon souhait est d’être Directrice d’un Club Associatif, à taille humaine.
Ce que j’aime le plus dans mon métier c’est le côté humain! Je sais que dans la gestion associative, que ce soit au sein des équipes ou auprès des membres, c’est omniprésent.
Qu’est ce que tu dirais à Halima 15 ans en arrière, celle qui commençait dans l’industrie du golf ?
Je suis d’origine maghrébine. À l’école je devais en faire deux fois plus pour prouver mes compétences. Je cherchais des stages et je voyais que c’était plus dur pour moi d’en décrocher un! J’avais le choix de me plaindre ou d’aller encore plus loin pour décrocher ma place.
Du coup, je lui dirais : impose toi et ne sois pas juste “belle et tais-toi”. Ne justifie pas ton travail par le caractère “hôtesse d’accueil”, car tu fais bien plus qu’accueillir les clients du club.
Je lui dirais donc, de montrer d’avantage ce qu’elle fait, ce qu’elle accomplit au quotidien, de célébrer ses victoires.
J’ai réussi à développer mes compétences dans différents secteurs de la gestion du golf. Aujourd’hui je me considère comme un élément clé et moteur de l’entreprise et j’en suis très fière.
On ne dénombre que 30% de femmes travaillant dans les métiers du golf et 14% est la part des directrices de golf, pourquoi si peu de femmes selon toi ?
Je pense qu’il y a un manque de confiance et d’estime vis-à-vis des femmes. Comme si nous n’avions pas les épaules assez larges pour assumer ce genre de responsabilités.
En ce qui me concerne, pour en arriver là, on a cru en moi. On m’a proposé plus de responsabilités lors de départs de salariés. Sinon, je n’aurais jamais osé demander ces responsabilités en plus…Ce qui aurait été dommage, car j’aime profondément ce que fait je suis reconnaissante de tout le travail que l’on m’a permis d’accomplir à Saint-Omer.
Ce qui me laisse penser que c’est essentiel de nous proposer des postes à responsabilité, car on s’auto censure aussi.
C’est essentiel de nous proposer des postes à responsabilité, car on s’auto censure.
Et cet Open Mixte, ça à changé quoi ?
Beaucoup de personnes étaient étonnées de voir une femme sur l’affiche. On a entendu de tout : “les femmes à l’honneur c’est super”, d’autres disaient “c’est pour un coup de pub”, “ ils essayent d’être dans l’air du temps”.
Ce que j’ai constaté, c’est le manque de moyen du LETAS par rapport au ALPS TOUR. Il y avait une plus grosse équipe qui encadrait le Alps, alors que pour le LETAS elles n’étaient que 2 femmes pour gérer les choses. Elles étaient moins visibles, moins disponibles pour représenter ce tour féminin.
Ton parcours préféré en France et à l’étranger ?
En France, le golf de Belledunes, il y a tout : la terre, le sable et la mer. J’adore le cadre naturel qu’il propose.
À l’étranger je dirais le golf de Naxhelet en Belgique : c’est bien ordonné, il n’y a rien qui traîne. (rire)
L’objet le plus insolite dans ton sac et son histoire
J’ai un petit cochon en Play Mobil. C’est ma copine qui travaille avec moi à Saint Omer qui me l’a donné. Ce petit cochon symbolise l’amitié que nous avons en dépit de nos différences culturelles.
Ta dernière action en faveur des femmes au golf ?
On a un inter-clubs dames qui perdait de plus en plus de joueuses. J’ai mis en relation les joueuses, ce qui a permis de redonner un second souffle à ce championnat et de le faire perdurer.
Je propose un large choix de textile féminin, j’y suis sensible. Même si nous avons moins de femmes, elles achètent bien plus que les messieurs.