Si les corps ont évolué pour la performance sportive au fil du temps, la silhouette féminine, elle, reste un sujet très contesté et débattu. Analyse.
Le golf répond d’un côté à un ensemble de normes sociales, d’injonctions corporels et vestimentaires liées à son héritage aristocratique. D’un autre côté, notre société voue un culte du corps, impliquant que ce corps soit une monnaie d’échange couramment utilisée sur le marché du sport.
Aujourd’hui encore, les sportives sont souvent évoquées dans les médias sous l’angle de leur plastique, plus que sous celui de leurs résultats. Le sponsoring répond facilement à ces mêmes règles : objectifier l’athlète.
Normalisation de la minceur, du maquillage, de l’habillement. S’écarter de ces standards mettrait l’athlète féminine dans une position très compliquée. Pour pouvoir être visible et gagner de l’argent il faut répondre aux normes marketing du sport et d’autre part se plier aux codes vestimentaires imposés aux sportives.
Nous verrons que dans le golf les athlètes féminines subissent des pressions contradictoires : l’une normée par l’économie marketing qui sexualise le corps féminin pour assurer sa visibilité et l’autre par la restriction de liberté des joueuses sur le terrain.
J’ai eu un coach qui m’a indiqué que pour développer ma carrière d’athlète j’étais comme une prostituée de luxe, qu’il fallait que j’en profite pour tirer profit de mon physique après ce sera trop tard
Joueuse sur le LET, a souhaité garder l'anonymat
La réalité des règles du Marketing sportif
Certaines athlètes féminines se sont emparé de cette réalité : pour développer leur carrière et leur visibilité elles doivent attirer l’attention sur leurs attributs féminins en s’habillant de certaines manières, en s’engageant davantage dans des communications sur leurs relations et leurs familles.
Elles surveillent leur corps et leur comportement afin de ne pas être dépouillées de leur féminité.
D’autre vont s’obliger à accentuer leur féminité pour attirer les sponsors et poursuivre leur carrière dans de meilleures conditions et augmenter leur visibilité avec les médias.
“Les femmes présentant un corps musclé, un look vestimentaire non féminisé et une performance accrue peuvent rapidement être stigmatisées “lesbiennes”. Ces femmes sont discriminées, mises à l’écart du système et servent d’exemple pour les autres qui pourraient penser, elles aussi, à défier le cadre « patriarcal » du monde sportif” (source Pouliquen, 2007).
“Bien évidemment il y a une importance à ce que nous nous mettions en valeur lors des tournois, apprêtées, maquillées, sans cela nous avons moins de chance d’être prise en photo. C’était une réalité lorsque j’étais sur le Tour” indique Ludivine Kreutz, ancienne joueuse pro et championne sur le LET. “Plus récemment j’ai observé Charley Hull, une joueuse très talentueuse du LPGA, qui a opéré une grande transformation physique depuis quelques années.” poursuit-elle.
En effet, entre 2017 et 2019, le compte instagram de Charley Hull contenait des contenus exclusivement sportifs. Dès 2020, elle a commencé a partager de plus en plus de photos mettant en avant sa plastique dans des tenues très féminisées, remportant un franc succès.
“Encore aujourd’hui la performance sportive chez les femmes fait l’objet “d’un procès de la masculinité” elle est suspecte”. indique Seghir Lazri, sociologue du sport.
“J’ai eu un coach qui m’a indiqué que pour développer ma carrière d’athlète j’étais comme une prostituée de luxe, qu’il fallait que j’en profite pour tirer profit de mon physique après ce sera trop tard”. joueuse pro sur le LET qui souhaite rester anonyme .
Les femmes présentant un corps musclé, un look vestimentaire non féminin et de solides performances peuvent rapidement être étiquetées “garçon manqués” enfant ou “lesbiennes” à l’âge adulte. accrue peuvent rapidement être stigmatisées “lesbiennes”. Elles sont discriminées, mises à l’écart du système et servent d’exemple pour les autres qui pourraient penser, elles aussi, à défier le cadre « patriarcal » du monde sportif. (source Pouliquen, 2007).
En conclusion, si le modèle économique et marketing permettent aux athlètes féminines de prendre plus de place sur la scène médiatique, c’est au prix de leur conformité aux à priori de genre. À suivre.
(Le mois prochain part.2 : un corps pour soi, pour son sport, pas un décor
3 thoughts on “Image des joueuses dans le golf – Part.1”
C’est effectivement problématique dans notre sport… Quand je vois la popularité de Paige Spiranac sur les réseaux sociaux et le monde du golf en général, je me dis qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour changer les mentalités et mettre davantage en avant les résultats sportifs…
Oui le chemin est long. Et encore, d’un point de vu business Paige a très bien cerné l’audience golfique, ahahaha ! C’est aussi pour cela qu’elle est très suivie avec le type de contenu qu’elle publie. C’est à double tranchant, sa popularité peut permettre de rendre visible le golf féminin, mais d’un autre côté sa méthode peut renforcer la notion d’objectivation du corps féminin.
ça ne fonctionne qu’aux US ce genre de business. Je ne suis pas certaine que le décolleté croptop et legging passent très bien sur un parcours ici en France hahaha.